Les marionnettes, leurs marionnettistes

« Nous avons tort de méconnaître les marionnettistes. S’ils bricolent avec le sourire, ils ne pratiquent pas moins un art total. Ils rêvent à des histoires, agencent un scénario, écrivent des textes et les interprètent. Ils dressent des décors – ceux des Brunner occupent toute la largeur d’une scène normale. Ils créent de leurs mains leurs acteurs, les habillent, les équilibrent. Ils sculptent leurs enfants dans un morceau de bois comme le fit le vieux Geppetto pour Pinocchio. Ils goupillent des animaux. Ils combinent des engins fabuleux, ajoutent le bruitage et la musique, mettent enfin les marionnettistes eux-mêmes sur les planches, et jouent ainsi, sans jamais lever les yeux, en communication avec leurs personnages. »

Bertil Galland

À l’issue d’une représentation de Il était une fois dans l’oeuf au Ve festival mondial des Théâtres de marionnettes de Charleville-Mézières, programmée dans une vieille salle très sympathique, le concierge qui balayait les lieux ramassa une quantité impressionnante de marrons qui traînaient sous les sièges.

— C’est amusant, remarqua-t-il. D’habitude, les enfants prennent des munitions pour en jeter sur les comédiens. Aujourd’hui, ils les ont laissées par terre. Ça veut dire que la pièce les a captivés.

Les compliments peuvent revêtir diverses formes !

Dans la morne période de l’entre-deux-guerres, René Morax créa le Théâtre romand des marionnettes de Lausanne. Des amis brillants tels qu’Albert Cingria, Gustave Doret, Gaston Faravel, René Auberjonois, pour n’en citer que quelques-uns, y apportèrent leur concours.

Puis cet art volatile s’évapora ensuite, laissant une friche qui ne demandait qu’à être réexploitée. Les marionnettes, leurs marionnettistes relate comment une jeune troupe romande inexpérimentée contribua à redonner vie à cette forme de théâtre trop souvent dédaignée.