Pierre Dudan

Sa vie est son plus beau roman. Auteur, compositeur, interprète, acteur, producteur de films, patron de cabarets, « touche-à-tout de génie »*, Pierre Dudan (1916 – 1984) passe à plusieurs reprises de la fortune à la misère et inversement. « Je détruis tout par mes coups de tête et mes lubies », confesse-t-il. Suisse né à Moscou, il fait carrière à Paris et à Londres, émigre au Canada avant de se faire résident guadeloupéen. Au grand dépit de son père, un célèbre grammairien primé par l’Académie française, qui envisageait pour lui une profession plus stable…

Le Café au lait au lit, son premier succès, lui met le pied à l’étrier. Puis, c’est Clopin-clopant, « hit » international emblématisé par Frank Sinatra, notamment. Ses histoires de Oin-Oin pimentent ses récitals, tout comme les calembours dans lesquels il est passé maître. Au théâtre, il incarne le Major Thompson, d’après Daninos. Vedette aussi de l’écran, il joue dans une trentaine de films avec Gabin, Brialy, de Funès, Arletty, Madeleine Robinson, Marguerite Moreno… Et lorsqu’il se lance dans la production, perd tout ce qu’il a et même ce qu’il n’a pas. Trois démons et une diablesse se disputent son énergie : « Le vagabondage, la poésie, le jazz et… la frénésie d’amour. » Marié quatre fois, il est six fois père, au moins. La fin de sa carrière est toutefois voilée par un engagement politique qui ne lui vaut que des déboires.

*Selon l’historien de la chanson Louis-Jean Calvet